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Rencontre avec Hiram Green

Hiram Green portrait

Entretien avec Hiram Green : l’essence de la parfumerie naturelle

Installé aux Pays-Bas, Hiram Green s’est fait une place singulière dans le monde de la parfumerie en choisissant de créer exclusivement avec des matières naturelles, une démarche à rebours des tendances de la parfumerie actuelle. Ce choix, loin d’être un argument marketing, est le reflet d’une philosophie de vie assumée. Son approche de la création s’inscrit dans un mode de vie en harmonie avec ses convictions personnelles, à la fois réfléchi, engagé et profondément inspirant.

Amoureux des fleurs — ses matières de prédilection — il crée des parfums d’une grande sensibilité, tout en relevant un défi technique de taille. Là où les molécules aromatiques de synthèse permettent de reproduire un effet précis et contrôlé, les extraits naturels, eux, demandent une véritable finesse de composition. Chaque plante, chaque fleur contient des centaines de molécules odorantes qu’il faut apprendre à faire coexister. Une rose, par exemple, renferme une diversité de composés qu’il faut savoir équilibrer avec les autres ingrédients du parfum pour atteindre une véritable harmonie. Un travail d’orfèvre, patient et exigeant. À cela s’ajoute la rareté et le coût des matières premières, des défis que peu de parfumeurs rencontrent dans l’industrie, où les molécules synthétiques dominent.

La démarche de Hiram Green trace un chemin rare : artisanal, exigeant, sincère.

Nous remercions chaleureusement Hiram pour son accueil dans son studio et pour nous avoir ouvert les portes de son univers. Un vrai bonheur de pouvoir découvrir son travail de près, et de partager avec les membres de Parfens un peu de la magie qui habite ses créations.

Nous avons parlé parfum, inspiration et nature.

  • Quel a été votre premier contact avec le parfum ?

Mon premier contact avec le parfum remonte à l’enfance, en sentant celui que ma mère portait pour les grandes occasions. J’imagine que c’est une première rencontre commune à beaucoup de gens.

  • Qu’est-ce qui vous a inspiré à devenir parfumeur ?

J’ai toujours été intéressé par le parfum, mais je n’avais jamais envisagé d’en faire un métier. C’est un domaine dans lequel je suis un peu tombé par hasard. Après mes études en arts plastiques, j’ai commencé à travailler dans une boutique de parfums. Mon intérêt s’est renforcé au fil des années, jusqu’à ce que je décide de m’autoformer à la création de parfums. Quelques années plus tard, j’ai fondé ma propre maison. C’était il y a 12 ans !

  • Pourquoi avoir choisi de travailler exclusivement avec des ingrédients naturels ?

C’était d’abord une décision personnelle. Bien que j’aime le parfum, de nombreux parfums synthétiques me donnent des maux de tête. À mes débuts, les parfums naturels étaient quasiment inexistants sur le marché. Beaucoup dans l’industrie me disaient que créer un parfum naturel sophistiqué était impossible. N’aimant pas reculer devant un défi, j’ai voulu prouver le contraire. Aujourd’hui, l’enjeu de la durabilité est aussi une raison majeure pour laquelle je poursuis dans cette voie.

  • Quels sont les défis liés à la création de parfums 100 % naturels ?

Je ne connais que cette façon de faire, donc je n’ai pas vraiment de point de comparaison. Mais je peux dire que les matières naturelles sont très onéreuses. La plupart des absolues florales dépassent

les 15 000 € le kilo. Les parfumeurs qui travaillent avec des synthétiques ne font pas face aux mêmes contraintes financières.

  • Et les avantages ?

Outre l’aspect durable, les matières naturelles offrent une richesse et une complexité olfactives impossibles à reproduire synthétiquement.

  • Comment voyez-vous l’avenir de la parfumerie artisanale et indépendante ?

C’est une période passionnante pour la parfumerie. Le secteur a énormément changé depuis mes débuts. À l’époque, la parfumerie artisanale était très rare. Aujourd’hui, elle est bien plus présente. Il existe de nombreuses marques indépendantes, et j’espère sincèrement que cette tendance continuera à se développer.

  • Où trouvez-vous votre inspiration ?

Elle peut venir de partout : une chanson, un tableau, un voyage… C’est très spontané.

  • Commencez-vous par un ingrédient ou une idée ?

Cela peut être l’un ou l’autre, ou un mélange des deux.

  • Parlez-nous de votre dernière création, Tryst. Son évolution sur la peau est remarquable. Comment est-elle née ?

Tryst est une réinterprétation d’un de mes tout premiers parfums, Dilettante, qui n’est plus commercialisé. Revoir une de mes anciennes formules m’a permis de voir comment je pouvais l’améliorer. Finalement, je n’ai pas changé grand-chose. Tryst célèbre toutes les facettes de l’oranger : l’orange, le petitgrain, le néroli et la fleur d’oranger. C’est un parfum joyeux, frais et floral.

  • Si vous ne deviez choisir qu’un seul de vos parfums, lequel serait-ce ?

Vous savez, une mère ne peut pas dire lequel de ses enfants elle préfère…

Mais si je devais choisir celui dont je suis le plus fier, ce serait Hyde. Il a remporté le Art and Olfaction Award pour la parfumerie artisanale en 2019.

  • Un indice sur votre prochaine création ?

Je travaille toujours sur de nouvelles fragrances. Je ne peux pas encore en dire trop, mais je peux révéler qu’elle sera grande et florale.

Et maintenant, juste pour le plaisir !

Une odeur qui vous fait vous sentir chez vous ? Un repas fait maison.

Le pire cadeau parfumé jamais reçu ? Un coffret de déodorant et gel douche Axe.

Vous êtes coincé sur une île déserte. Un seul parfum à emporter ? Hyde. J’adore ce parfum, il est parfait pour les journées chaudes et ensoleillées.

Un ingrédient (en cuisine ou en parfum) que vous réussissez toujours à glisser dans vos créations ? La rose et le jasmin – ils vont avec tout.

Le parfum le plus inattendu et magnifique que vous ayez senti — et où ? Hmm…

Une tendance que vous aimeriez voir disparaître discrètement ? Les parfums trop sucrés, aux senteurs de pâtisserie.

Si dans 100 ans on ne devait se souvenir que d’une chose à votre sujet ? Que j’étais un pionnier de la parfumerie naturelle. Ma première réaction serait de dire : “C’était vraiment un type sympa.” Peut-être : un type sympa qui était un pionnier de la parfumerie naturelle. Je suppose que ça fait deux choses.